vendredi 31 juillet 2015

Le Message de Paris: Un appel à l'action!

L'année 2015 s'avère une année charnière sur laquelle viennent achopper deux projets structurants à l'échelle mondiale. D'une part, les Objectifs du millénaire 2000-2015 de l'ONU, qui visaient à réduire la pauvreté extrême, et d'autre part le cadre d'action Éducation pour tous, piloté par l'UNESCO, qui énonçait six grands objectifs éducatifs pour répondre aux besoins d'apprentissage de tous durant cette période.

À l'heure des constats, l'UNESCO publie son Rapport mondial de suivi sur l'Éducation pour tous et s'apprête à adopter l'Agenda pour l'Éducation 2030, un tout nouveau cadre d'action qui répond aux Objectifs de développement durables 2015-2030 de l'ONU, plus particulièrement à son objectif #4 qui s’énonce ainsi: « Assurer l'accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d'égalité, et promouvoir les possibilités d'apprentissage tout au long de la vie ».

Éducation 2030[téléchargement] découle du Forum mondial sur l'éducation qui était co-organisé par l'ONU et l'UNESCO à Incheon, en mai 2015. Ce Forum a abouti sur la Déclaration d'Incheon. Plus important pour nous encore, Incheon a été immédiatement suivi de la Conférence internationale sur les TIC et l’éducation post-2015, à Qingdao, durant laquelle 300 experts et représentants des états membres de l’UNESCO ont adopté la première déclaration mondiale sur l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans l’éducation, la Déclaration de Qingdao.

La déclaration de Qingdao découle essentiellement de l'augmentation inéluctable du nombre d’apprenants à l’échelle planétaire. De 99,4 millions apprenants en 2000, ce chiffre est prévu passer à 414 millions en 2030. Dans ce contexte, seules les TIC sont estimées être en mesure de répondre au besoin de massification de l'éducation que commandent les Objectifs de développement durables de l'ONU.

Forte de la notion que les acteurs de terrain ne peuvent travailler efficacement s'ils ne font pas partie d'une action concertée, l'UNESCO a organisé une série de trois Forums de haut niveau sur les politiques. J'ai participé à la seconde de ces trois rencontres qui avait lieu à Paris, en juin (la dernière aura lieu à Prétoria, au mois d'octobre 2015). Le Message de Paris qui en a résulté est un appel à l'action lancé à nos gouvernements, à nos institutions et à tous les acteurs de l'enseignement pour qu'ils adoptent la recommandation de Qingdao et se dotent des politiques nécessaires au déploiement concerté des technologies essentielles à l'éducation pour tous.

Tous les détails entourant le Forum de Paris sont disponibles dans mon rapport de mission. J'y présente quatre recommandations spécifiques pour le Nouveau-Brunswick et je conclus avec l'engagement auquel j'ai souscrit en contribuant au Message de Paris:  « Nous, participants au Forum mondial politique de haut niveau,

  • Exhortons les gouvernements et les parties prenantes de toutes les régions et pays à relever les défis actuels liés à l'adoption de l'apprentissage en ligne, ouvert et flexible et à engager de manière urgente les actions concrètes qui s’imposent à ce sujet;
  • Invitons l'UNESCO à porter et à faire fructifier ce message aux instances internationales compétentes en la matière;
  • Nous engageons à défendre les intérêts et à plaider en faveur de ce message devant nos gouvernements, institutions, organisations, sociétés et associations; et
  • Appellons l'UNESCO et le CIED à recueillir, partager, diffuser et mettre en réseau les meilleures pratiques en matière d’éducation en ligne ouverte et flexible. »

jeudi 5 mars 2015

Méthode simple de réalisation vidéo

C'est avec une certaine fierté que je fais ici l'annonce de la méthode que nous avons documentée au Groupe des technologies de l'apprentissage pour réaliser des vidéos éducatives. L'idée était de permettre aux professeurs et autres employés de services à l'Université de Moncton de réaliser une vidéo sans avoir besoin de gérer des fichiers, connaître des éditeurs et toutes autres considérations relativement compliquées ayant habituellement trait à l'équipement et aux procédures.

Notre plateforme de publication Blogger, dans son aspect temporaire.
Nous l'habillerons d'original et l'illustrerons d'images et de vidéos.
Nous avons donc conçu une plateforme de collaboration dans Blogger. Cette plateforme est maintenant disponible car le projet est dans sa phase pilote. La méthode développée utilise des outils dans le nuage et elle est bien sûr couplée à la plateforme de publication YouTube. Toute la grande famille Google, donc pas du libre me direz-vous. En effet, mais des outils puissants, fonctionnels, constamment mis à niveau et disponibles où que l'on soit.

Lorsque cette méthode aura été validée, elle sera "traduite" en guide illustré et vidéos explicatives. Nous la présenterons ensuite à la communauté universitaire lors d'un colloque en mai 2015. L'intérêt de cette méthode ne vient pas tant de son originalité, au contraire: tout le monde peut en faire autant à partir des outils disponibles dans le Web.

L'intérêt du projet vient plutôt de la réunion de diverses considérations en une seule solution. Soulignons entre autres le sceau CC - BY que nous encourageons les utilisateurs à apposer à leurs vidéos. Il y a également l'utilisation de la chaîne YouTube que nous avons établie pour y publier les réalisations de la communauté. Bien sûr, une telle publication de vidéos d'enseignement universitaire n'est pas chose faite. Il y a en effet une forte résistance initiale à cette idée de mettre "son enseignement" en ligne, pour consultation libre. Nous verrons bien quel accueil sera fait à cette idée de vitrine sur l'enseignement à l'Université de Moncton.

Chose certaine, le dialogue s'engage à toute vitesse sur la question de la pédagogie inversée que permet aussi cette réalisation autonome de vidéos éducatives. Et c'est à ce niveau que le gros du débat se déroule, les professeurs apportant un grand nombre d'idées et de cas d'espèce d'un très grand intérêt pour leur pratique pédagogique. Il est donc clair que nous couplerons à notre plateforme collaborative un espace dédié à la pédagogie inversée sous la forme d'un nouvel onglet à venir.

Nous anticipons à terme, s'il est possible d'obtenir l'engagement d'un noyau d'utilisateurs, que cette plateforme de collaboration constituera un point de rencontre organique où s'étoffera la méthode initialement développée et où seront discutées les questions de pédagogie inversée et de ressources éducatives vidéo en soutien à l'enseignement.

Pour ma part, je tiens également à utiliser ce couplage de plateformes puissantes pour faire la promotion des ressources éducatives libres. Et bien sûr, si tout se déroule comme prévu, notre chaîne de pédagogie inversée ouverte offrira une perspective novatrice sur la qualité de l'enseignement à l'Université de Moncton! Ai-je mentionné que nous y voyons également un nouveau modèle d'affaires pour le GTA? En effet, nous serons en mesure d'offrir nos services pour assister les intéressés dans leur réalisation vidéo et les faire passer à la qualité professionnelle s'ils le désirent.

De l'archivage des contenus sur Open EdX et Coursera

J'ai pris connaissance récemment d'un échange intéressant entre spécialistes des ressources en ligne aux fins d'apprentissage et d'archivage. Ceux qui me connaissent devineront qu'il s'agit de la liste de discussion JISC OER d'où je tire beaucoup d'informations précieuses, mais en anglais.

La discussion tournait autour de savoir si les ressources d'un CLOM demeuraient accessibles après la livraison du cours et si elles pouvaient ainsi être considérées comme des REL. Il en ressort que Coursera autant que FutureLearn permettent aux personnes inscrites à un CLOM de revenir en consulter les contenus, et ce même après la fin de la prestation du cours. Les personnes qui ne se sont pas inscrites n'ont pas accès à voir le cours et doivent attendre la prochaine livaison et s'y inscrire pour en consulter les contenus.

La discussion a également tourné autour de la propriété intellectuelle, l'un des intervenants soulignant que toutes les pages de FutureLearn sont marqués du sceau © de propriété intellectuelle. Il s'avère toutefois que les contenus comme tels appartiennent à l'institution qui les développe. Suzanne Hardy en donnait comme exemple le cours Hadrian's Wall: Life on the Roman Frontier développé par son université (Newcastle). Je suis moins familier avec FutureLearn qu'avec d'autres plateformes comme Coursera par exemple, mais je découvre avec plaisir son offre de contenus et j'ai bien envie de m'inscrire au cours sur la Forteresse de l'empereur Hadrian. Qui sait, cela donnerait peut-être naissance à un type de voyage tout à fait différent et... éducatif!

Pour qui aimerait consulter la discussion décrite ici, je l'ai traduite en ligne.

vendredi 16 janvier 2015

Cadriciel personnel d'apprentissage ROLE et quatre années de recherche en livre ouvert

Le projet ROLE a développé un cadriciel de travail offrant à l’apprenant, d’un côté, un espace de travail et, de l’autre, des outils, contenus et services qui lui permettent de créer des espaces personnels pour contrôler son propre apprentissage. Le sommaire de la recherche et du travail accompli est maintenant offert en livre ouvert. Consulter le billet à ce sujet.

mardi 6 janvier 2015

Livre ouvert et gratuit visant à motiver l'apprenant en ligne

Consulter le billet que je viens de publier concernant le professeur Curtis Bunk, de l’Indiana University, qui vient de publier avec la néo-zélandaise Elaine Khoo un livre en ligne (ebook) gratuit intitulé Adding Some Tec-Variety: 100+ Activities for Motivating and Retaining Learners.

mardi 2 décembre 2014

Michaëlle Jean à la tête de la Francophonie!

Le Canada est ravi et très fier, particulièrement au Québec et au Nouveau-Brunswick, de l'élection de Michaëlle Jean au poste de secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF). L'ancienne gouverneure-générale du Canada et journaliste d'origine haïtienne de Radio-Canada, préside maintenant aux destinées de cette importante organisation mondiale qui regroupe 57 états membres, 23 pays ayant statut d'observateur et 375 millions de personnes. Qui plus est, Mme Jean est la première non-africaine et la première femme à occuper le poste de secrétaire général de l'OIF. Le Nouveau-Brunswick et le Québec ont tous deux le statut d'états membres dans l'organisation, et le Canada en est le second plus important donateur.

Crédits: Vidéo CP à partir du Globe and Mail.
Allan Rock, ancien ministre libéral de la Justice et de la Santé dans le cabinet du gouvernement Chrétien et président de l'Université d'Ottawa, signe ce matin un article dans le Globe and Mail, félicitant la chancelière de l'institution (Mme Jean a été nommée chancelière de l'Ud'Ottawa en 2011, pour un mandat de quatre ans) et soulignant l'importance de son arrivée à la tête de l'OIF. Selon Christian Paradis, ministre canadien du Développement international et de la Francophonie, l'élection de Mme Jean pourrait marquer un tournant clé pour l'organisation.

Mme Jean fait déjà sienne l'orientation de développement économique de la Francophonie qui a été adoptée au 15e Sommet de la Francophonie à Dakar, se démarquant ainsi de l'action de son prédécesseur, M. Abdou Diouf qui est largement reconnu pour ses efforts de médiation dans les crises et les conflits durant ses dix années à la tête de l'organisation. Selon Allan Rock, c'est à M. Diouf que l'OIF doit d'avoir su éviter des crises majeures dans les dernières années, grâce en particulier à son habile diplomatie.

De grands espoirs reposent maintenant sur les épaules de Michaëlle Jean, particulièrement pour la cause des femmes dans la Francophonie. Elle saura à n'en pas douter faire appel à ses talents exceptionnels, en particulier à ses qualités de persuasion et de persévérance, pour répondre aux trois grands défis qui confrontent la Francophonie au moment où elle en prend la direction, soit (a) la bonne gouvernance et la protection des droits humains parmi les états membres, (b) le développement et la croissance économique des pays francophones, et (c) le statut des femmes, en particulier l'abus et la violence dont elles sont victimes, et leur exclusion des position d'autorité.


mercredi 26 novembre 2014

Rapport CC quant à la situation du bien intellectuel commun

D'année en année, la qualité médiatique du rapport annuel Creative Commons m'interpelle! En effet, le rapport 2014 se présente en sommaire infographique tout à fait attrayant. Plus intéressant encore à mon sens, le rapport annuel 2014 intitulé State of the Commons se lit comme une action de foi. Il s'agit en effet et à ne pas s'y tromper d'un idéal bien exprimé auquel on invite tous les gouvernements, les institutions et les personnes à souscrire.

Un idéal donc que nous partageons de tout cœur, et une mission à laquelle nous souscrivons, celle de convaincre notre entourage et nos organisations propres d'abattre leurs barrières et de penser la création et l'innovation autour du libre dès l'idée de départ.

Le rapport s'attache dans un premier temps à chiffrer de façon aussi rigoureuse que possible l'adoption du libre et sa progression depuis 2006, des statistiques tout à fait encourageantes même si de tels chiffres sont difficiles à appréhender. On mentionne ensuite la nouvelle version 4.0 des licences, une consolidation étonnante du libre accès à travers les langues et les juridictions, un travail colossal qui dure depuis sept ans et intègre les lois de 35 pays (CC0 quelqu'un? - moi je n'en avais jamais entendu parler)!

On constate ensuite comment des organisations importantes comme l'UNESCO et la Hewlett Foundation épousent la cause et contribuent à son adoption à travers le monde. Le rapport conclut en examinant les défis qu'il faut encore confronter, notamment le manque de transparence des gouvernements qui tendent à prendre des décisions majeures derrière des portes closes, et les directions pour l'organisation en termes de ses priorités. Cette dernière section est particulièrement intéressante: de nouvelles technologies pour le bien commun, comme le développement d'une app pour demander les photos voulues à l'archive globale; et la création d'un institut global de leadership pour former les leaders aux valeurs et à l'implantation du libre, deux initiatives qui m'ont particulièrement interpellé.

Je vous invite à consulter le rapport CC 2014, présenté de manière exemplaire à mon avis, pour prendre spécifiquement connaissance de ces détails. Quant à moi, je sais quel drapeau j'aimerais ajouter à cette image (!!):